lundi 3 février 2014

Biographie de Sandor Korosi Csoma ou Alexandre Csoma de Köros

Pour pouvoir remonter l'histoire, il faut souvent un peu de chance. Cette chance, 'ai dû la forcer durant deux voyages au Zanskar, 2011 et 2012, afin de trouver les preuves du passage d'Alexandre Csoma de Köros'au Zanskar.

Biographie de Csoma

Sandor Korosi Csoma ou Alexandre Csoma de Köros était un voyageur, un philosophe et un orientaliste hongrois, fondateur de la tibétologie. Il est né à Köros en Transylvanie (aujourd'hui Chiuruş), le 27 mars 1784 et décédé à Darjeeling (Inde) le 11 avril 1842.
De juin 1823 à octobre 1824, il séjourne au Zanskar, ancien royaume himalayen dépendant du Ladakh, où il passe près d’un an et demi, devant supporter des températures hivernales de - 40 °. C'est au royal palace de Zangla, où il avait sa chambre qu'il assimila les fondements de la langue tibétaine classique. Il fut pris en charge par le lama Sangye Phuntsog, pour accroître rapidement ses connaissances. Lors de ce séjour, il compulse un grand nombre d’ouvrages en tibétain et se constitue un lexique de vingt mille mots. Il vit de manière ascétique dans une cellule étroite, sans chauffage ni feu et son alimentation sera exclusivement faite de thé de yak beurré et d’orge (sampa).


 Lorsque je me suis retrouvé sur les lieux même où Csoma de Kôros séjourna, j'ai voulu aussi retrouver quelques preuves de son passage. J'avais lu, avant de partir, dans des très anciens livres qu' Alexandre Csoma de Köros avait gravé une pierre dans chacun des lieux où il avait séjourné à Zangla et à Phuktal. Je ne pouvais imaginer que ces gravures avaient disparu. Si bien que lorsque je suis arrivé sur ces lieux, je me suis mis à la rechercher des pierres gravées.
Lors de mon premier passage à Zangla, j'ai même demandé audience au roi afin qu'il me dise où se trouvait la gravure de l’orientaliste hongrois. Hélas il n'était pas au château, mais sa femme m’accueillit et ,'affirma qu'elle n'en avait jamais entendu parler. Je pensais bien à ce moment là que ce trésor était perdu à tout jamais.
Il me restait l'espoir de voir la pierre au Monastère de Phuktal.  

Le monastère de Phuktal 

En octobre 1824, il quitte Zangla pour Sabathou, poste-frontière britannique où il resta six mois. Les autorités britanniques qui le soupçonnent d’être un espion, Csoma rédige à leur demande un rapport sur le but de son voyage et les circonstances fortuites qui l’ont conduit à entreprendre ses études tibétaines. Les Britanniques modifient leur appréhension : ils jugent dès lors que son travail est utile et lui donnent les moyens matériels pour poursuivre son activité. Fort de ce soutien, il retourne au Zanskar.

En novembre 1825, il s’installe au Gonpa de Phuktal, la plus spectaculaire construction monastique du Ladakh. 

Mi-juin 1827, il est à Kanam, au Kinnaur (ou Kinawar, nord du comté indien de Bishawar) où il va travailler trois ans et demi sur l’intégralité du canon bouddhique tibétain, le Kanjur (''bKa’-gur'', 108 volumes) et son commentaire, le Tanjur (''bsTan-‘gyur'', 225 volumes), soit un ensemble de 4569 textes différents. Traduits du sanscrit entre les VIIe et IXe siècles, ces textes furent ensuite retraduits dans les langues mongole, mandchoue et chinoise à partir du tibétain. Il a retrouvé son maître Sangje Phuntsog et travaille dans un environnement favorable. Cette période est la plus féconde. Il achève sa grammaire et son dictionnaire tibétains, prépare une version anglaise de la terminologie bouddhiste (''Mahavyutpatti'') et rassemble de nombreux matériaux ayant trait à la littérature tibétaine, dont le bouddhisme constitue l’assise.

Une fois arrivé à Phuktal et après avoir assisté à la Putja du matin, je m'informe auprès du grand Lama si la pierre gravée d'Alexandre Csoma de Köros était toujours au monastère. L'affirmation fut directe, mais lorsque je demandais de la voir, il m'a été répondu que le moine qui avait la clé du temple était absent et qu'il ne reviendrait que dans une quinzaine de jours. Décidément la malchance s'acharna sur moi et je me dis que cette découverte sera pour un autre voyage. 

Le temps passa et c'est en 2012 que j’entrepris un nouveau voyage au Ladakh et au Zanskar. Avec cette fois, le ferme espoir de découvrir la seule pierre qui était conservée, celle de Phuktal. Quant à celle de Zangla, j'avais perdu tout espoir de la voir. 

J'étais donc loin de penser que cette fois, la chance allait me sourire. Lorsque j'arrive à Zangla, Monica, une hongroise responsable de la restauration du old palace et qui a déjà consacré dix ans de sa vie pour réaliser ce projet complètement fou et qui est loin d'être terminé, me dit, avec un large sourire, qu'elle a quelque chose à me montrer au château ! Lorsque nous arrivons sur les lieux, elle m'invite à rentrer dans une pièce en me demandant si ce n'était pas ça que je cherchais ?
La pierre de Csoma de Köros était là, du moins ce qu'il en restait, car l'équipe de Monica l'avait retrouvée sous un monticule d'autres pierres.
Vu les affirmations que la reine m'avait faites lors de ma dernière visite, cette découverte fut pour moi une énorme surprise, Mais l'important, c'est qu'elle était bien là. J'avais peine à croire qu'à la vue de cette pierre, je remontais l'histoire de plus de 188 ans. C'était complètement incroyable.


Je me disais que cette fois, la partie risquait d'être gagnée, puisqu'au monastère de Phuktal, on m'avait bien confirmé la présence de l'autre pierre.
Deux jours plus tard, je me mettais en route pour le monastère de phuktal. Lorsque je suis arrivé, c'était l'heure de la putja. Après la cérémonie, j'ai eu cette fois l'occasion de voir le moine qui avait à son trousseau la fameuse clé qui allait me faire découvrir la deuxième pierre. J'ai pu ainsi compléter le "puzzle" qui me donnera la preuve du passage de Csoma de Köros au Zankar.


Par chance, cette deuxième pierre qui se trouve à Phuktal, même si elle est aussi cassée,  est au moins restée entière.

Concernant Alexandre de Köros, la boucle n'est cependant pas totalement bouclée pour moi. Je dois à présent aller dans le village de Kanam au Kinnaur où il resta au monastère. 
Ce fut le troisième voyage de Csoma qui alla à Kanam par la vallée de Sutlej. La raison pour laquelle Csoma choisit d'aller à Kanam était la collection complète du Kangyur et du Tengyur, la Tibean bouddhiste Canon détenue par le monastère. C'est à Kanam où Csoma de Köros est devenu convaincu que le lama est un grand maître et un vrai maître des enseignements bouddhistes. Pendant les trois ans que Csoma a passé à Kanam, cela a été sa période la plus productive. Il a complété sa grammaire tibétaine et écrit un manuscrit pour le dictionnaire de la terminologie bouddhiste et autres pièces savantes. Csoma est resté dans le monastère de Kanam d'Août 1827 à Octobre 1830. Il serait bien étonnant qu'il n'y aurait pas une autre pierre gravée qui traîne là-bas. 
En mai 1841, il démissionne de son poste de bibliothécaire et revient à son dessein initial : retrouver le berceau de la culture hongroise (magyare). Son intention est de se rendre à Lhassa, puis de continuer sa route à travers l'immense plateau tibétain et au-delà jusqu’aux steppes mongoles. Il quitte Calcutta le 9 février 1842 et se dirige à nouveau vers le nord. En cours de route, il contracte la malaria et meurt à Darjeeling sans être entré au Tibet. Un monument commémoratif fut érigé sur sa tombe dans un cimetière bordant la route menant de Darjeeling à Lebong.



Csoma de Koros tomb and monument(Darjeeling)

lundi 13 janvier 2014

Suite et fin de la préparation Ladakh 2014

Trek Pangchen - Zara - Tso Kar - lac Tsomo Riri & Mahe - Nyamo





La dernière partie de ce trek, me réservera encore bien des surprises, avec la découverte des hauts plateaux des régions du Rupshu & du Korzok, et en point d'orgue, la vue imprenable sur le Tsomo Riri dans la descente du col Yalung Nyau La qui culmine à 5430 mètres.

Info de Jean-Louis : Si tu as le temps, il te faut prendre deux permis avant de partir de Leh pour avoir deux fois 7 jours, en donnant les dates convenables : un permis pour Korzok et un autre pour Nyoma et Mud. Ça correspond à deux zones différentes, donc il n'y a pas de problème, je l'ai déjà fait. Le "check-postier" a quand même fait une drôle de tête quand je lui ai donné le permis de sortie de la zone "Nyoma" puis je lui ai donné le permis pour Korzok. Attention donc !
Aussi non,  il n'y a aucun contrôle de permis sur le trek.
Pour le retour, il y a toujours le check-post à Mahe Bridge, mais il y a maintenant un autre à Upshi.
Jour 39 Pongunagu - Tsokar - Nuruchang 4h

Du camp au pied du lhato contourner l’enclos grillagé par la droite. Rejoindre la piste sableuse puis passer devant le camping « officiel ». Poursuivre de façon monotone sur la piste sableuse à distance des marécages. Ce n’est que lorsque j’arriverai à l’extrémité Est du lac du Tsokar (1h, 4545m) que l’intérêt grandira puisque je pourrai descendre longer l’étendue d’eau en suivant la rive recouverte d’une croûte de sel. Possibilité aussi d’admirer le ballet de quelques volatiles qui ont élu domicile sur les banquettes herbeuses pour y nicher et profiter de l’écosystème spécifique de cette cuvette saline. Tout autour, ce ne sont que chaînes de montagnes érodées qui composent un panorama assez exceptionnel.

Le lac du Tsokar

Rejoindre la piste un peu plus loin pour atteindre un chorten (45mn, 4555m). En montant un peu au-dessus du chorten et que l’on domine davantage le lac, c’est un spectacle permanent d’ombres et de lumières qui façonnent l’espace. Fascinant ! Poursuivre sur la piste pour traverser un « village » et atteindre un mur de manis possédant de beaux spécimens de pierres gravées (15mn, 4560m). Quelques mètres après, traverser le « village » de Riyul et au croisement de pistes, il faut prendre vers la droite pour remonter sur une piste une plaine sableuse à l’herbe rase jusqu’à l’austère village du bout du Monde de Nuruchang (1h10, 4660m). Au-delà de la dernière maison poursuivre vers le fond de la vallée et rejoindre le bord de la rivière qu’il faut suivre quelques temps. Au niveau d’un enclos à bestiaux bâti sur la droite à flanc de moraine, traverser à gué la rivière (belle perspective du fond de la vallée avec ses montagnes enneigées) pour poser la tente rive droite sur le gazon.

Terme de la journée (30mn, 4720m, eau dans la rivière).

Nuit sous tente.

Jour 40 Nuruchang – Rajun Karu 2h45

Deux possibilités d’itinéraires pour rejoindre le plateau de Rajun Karu

- soit après le camp, passage à droite par le large col sans nom que l’on avait en point de mire lors de la montée vers Nuruchang.

- soit un peu plus à gauche le col du Horlam Kongka que l’on atteint en franchissant un petit collet pierreux depuis la base du précédent, ou alors la remontée de la vallée de la Spanglung.

C’est ce chemin que je prendrai. Marcher sur des banquettes herbeuses en rive droite avant que celles-ci ne laissent place à un lit de galets. Atteindre un ancien campement nomade (45mn, 4800m) duquel il faut partir un peu dans la pente sur une trace pour contourner un écart de la rivière. Puis revenir très vite dans le lit de la rivière pour longer la base d’une falaise ruiniforme peu amène (20mn, 4820m) au pied de laquelle on trouve de nombreuses têtes d’urial, le mouflon du Ladakh.
Le parcours le long de la rivière est très agréable car après le virage sur la gauche opéré par la gorge, il se poursuit à nouveau sur des banquettes d’herbe rase épargnant chevilles et genoux du randonneur.

Distinguer à l’avant l’amorce d’un plateau gazonné, la rivière se rétrécit au niveau d’une tourbière.  Il faut franchir d’un saut le torrent et marcher sur la rive gauche. Longer la base d’une moraine détritique (40mn, 4840m). Le chemin court à mi-hauteur sur le rebord droit du plateau désertique et c’est l’occasion de rencontrer les premiers troupeaux des nomades (prendre garde aux chiens lors du croisement d’un des troupeaux).
Se diriger par un faux-plat montant vers l’extrémité de la vallée au pied du col qui s’ouvre entre les deux « collines » d’en face. L’espace devient quasiment sans fin avec en toile de fond des montagnes bombées qui tutoient les 6000m et qui ferment l’espace. Elles semblent être un mur, mais au-delà de leurs passages altiers, elles cachent de nouveau un nouvel espace infini.

Descendre vers le plateau rocailleux au milieu duquel les "résidences" d’été des nomades sont souvent installées.

Campement de nomades à Rajun Karu.

Chacun vaque à ses occupations. Possibilité ainsi assister à de nombreuses scènes de la rude vie de ces habitants des grands plateaux, qui trait les dimos et les brebis, qui fait le fromage, qui lave le pelage des chèvres pashmina, etc.
Les enfants curieux de l’autre, surtout s’il vient d’ailleurs, ne manquent jamais une occasion de rencontrer l’étranger. Ils ne quémandent rien, juste le bonheur du partage d’un instant, un sourire complice. Après le campement des nomades, se diriger vers la rive droite de la vallée et s’établir pour la nuit un peu à l’écart sur des espaces gazonnés au bord de la rivière (1h, 4950m).
La nuit sera sans aucun doute assez froide sous la tente.

Jour 41 Rajun Karu - Kyamuyuri La - Kostse La – Sherma 4h30

Traverser la grande plaine sur laquelle sont implantées les tentes des familles de nomades pour aller chercher le chemin qui démarre sur la droite du thalweg. Commencer par une montée assez douce jusqu’à croiser le lit du petit torrent et passer rive gauche où la pente se redresse pour rejoindre une prairie d’altitude à l’aplomb du col. Contourner par sa gauche et par une trace à flanc dans des éboulis de schiste qui débouche au Kyamuyuri La (1h45, 5430m).

En prenant de la hauteur, belle vue étendue sur le paysage traversé ces derniers jours et plus particulièrement sur la cuvette du lac de Tsokar dont les eaux resplendissent sous les rayons du soleil matinal. Descente dans un large vallon verdoyant. Sur la droite se dévoilent quelques pics encapuchonnés de neige. Ils font partie de la Korzok Range que le passage altier du Gyama La (à plus de 5800m…) permet de traverser pour aller vers le nord.

Dans la descente du Kyamuyuri La.

Dans la vallée fluviale de la Gyamsharma au milieu de laquelle broutent de nombreux troupeaux de moutons et de chèvres sans oublier ça et là quelques yacks placides. Il faut rejoindre les tentes de nomades au pied du Kostse La au lieu-dit Gyama Barma (1h15, 5200m).

Le deuxième col de la journée s’inscrit à la droite d’une crête assez rectiligne qui précède la montagne noire plaquée d’un grand névé. Dès le départ, le chemin propose une pente soutenue qui ne faiblira pas jusqu’au cairn sommital. Le  Kostse La a tout d’un grand, mais seulement 200m de grimpette assez exténuants (55mn, 5380m).
Pour terminer la journée, petite descente tranquille avec à l’horizon quelques nouveaux pics appartenant à la Korzok Range jusqu’à un petit torrent auprès duquel il u a la possibilité de mettre la tente sur des banquettes herbeuses. C’est Sherma (25mn, 5150m, eau dans le torrent).

Jour 42 Sherma - Yalung Nyau La – Korzok 4h30

Du camp de Sherma au bord du torrent suivre le chemin qui contourne le mamelon pour passer au-dessus des campements de nomades et rejoindre le lit de la Kyagar Nugma, large rivière qui prend ses aises entre bancs de galets et tourbières. Arriver à Gyama et il va falloir passer à gué de l’autre côté pour s’engager dans le thalweg qui s’ouvre en face en direction du sud-est. Suivre un chemin bien tracé en rive droite qui présente une pente modérée jusqu’au passage d’un petit ressaut morainique. Traverser de grandes étendues herbeuses à mi-hauteur de la rivière. Finis les pâturages, voici une gorge un peu plus minérale (1h45, 5360m) sans que la pente s’accentue. Longer le lit de galets. Après quelques méandres et un ou deux changements de rive, voici un large plateau d’altitude (25mn, 5400m) bordé sur sa droite de nouveaux pics enneigés appartenant à la Korzok Range.

Arrivée sur le plateau du Yalung Nyau La

Paysage assez surprenant alors que l’on s’attendrait plutôt à devoir être confronté à un col minéral de la plus stricte obédience ladakhie. Eh bien non, il y a bien un col et il correspond à la bordure sud du plateau. Rejoindre en quelques minutes en suivant une trace à flanc qui part sur la gauche. Voici donc le Yalung Nyau La (10mn, 5440m) marqué d’un simple cairn et les sempiternels drapeaux flottant au vent.

Notable apparition furtive d’une partie du lac Tsomoriri pour l’instant entre deux falaises d’éboulis. S’engager dans la descente. Celle-ci commence par une petite combe herbeuse suivie d’un défilé rocheux très sommaire qui se poursuit par un parcours sur des moraines sableuses. Comme supposé, le panorama sur le bassin du lac Tsomoriri s’agrandit. Un très grand spectacle. Descendre plusieurs verrous morainiques de cette ancienne vallée glaciaire en suivant un chemin sableux qui zigzague au mieux de la pente. A partir de 5100m, la quasi-totalité du lac se dévoile attestant de sa forme allongée et de ses imposantes proportions. Continuer à descendre quelques bosses morainiques avant de suivre le fil d’une moraine centrale qui va conduire à l’entrée d’une cuvette sableuse qui s’est creusée au pied des Mentok I et II, les pics les plus méridionaux de la Korzok Range.
Descente vers Korzok.

Traverser ce « reg » dans toute sa largeur pour atteindre une portion de verdure (1h35, 4675m), puis continuer après un chorten posé en rive droite de la Korzong chu au pied du village des nomades. Atteindre l’extrémité sud de la cuvette pour s’engager en rive gauche le long de la rivière dans un défilé rocheux de toute beauté au milieu duquel paissent de nombreux bovins (10mn, 4670m).
Suivre un chemin aménagé qui rejoint un pont en béton à l’entrée du village de Korzok encore invisible, caché qu’il est par une épaule rocheuse. Un peu plus bas, c’est l’entrée du village (25mn, 4620m.

Nuit sous tente parachute avec un bon repas.

Korzok, ce n’est sûrement pas le plus beau village, mais l’intérêt est sa vue panoramique sur la cuvette du lac du Tsomoriri et les chaînes de montagnes enneigées qui le bordent à l’est (Chamser Kangri et Lungser Kangri, tous deux dépassant les 6600m.

 Jour 43 Korzok – Kyandam (4500 m) 5/6 H


 Le Tsomo Riri fait 19 kilomètres de long pour 3 kilomètres de large.

Le long du lac Tsomoriri.

Le lac se joue du ballet des nuages proposant une alternance de teintes turquoise, bleu pétrole ou indigo. Elles tranchent sur les rouges et ocres des montagnes de la rive opposée. C’est enchanteur ! C’est d’ailleurs ce qui permet de ne pas trouver le temps long sur des longues portions de ligne droite… Enfin, au niveau d’une petite plage (1h45, 4550m), le sentier propose une petite grimpette au milieu de blocs de granit rose pour contourner une calanque rocheuse. On retrouve les étendues sableuses un moment avant de s’engager sur une « Plaine des Sables ». Se rapprocher de l’extrémité du lac où le paysage minéral se teinte progressivement de vert. On passe une bosse et voici le delta de la Phirse chu (2h, 4550m) où quelques animaux paissent sur la tourbière proposant une herbe riche et tendre.

C’est une journée de marche assez longue sur la rive ouest du lac Tsomo Riri. Il me faudra une grosse journée, si pas plus pour aller jusqu'au campement de Kyandam. Dénivelé quasi nul.

 Jour 44 Kyandam- la Vallée du Phirse Chu

Selon mes renseignements, il se peut que les nomades descendent des alpages par la vallée du Phirse Chu. J'ai donc l'intention d'aller à leur rencontre et de faire le bout de chemin avec eux.

Jour 45 & 46 Kyandam – Dungri - Chagarchan La – Retour à Korzok

Après Dungri, je n'irai pas jusqu'au deux petits lacs, mais je quitterai quand même les bords du lac pour me dirigerai vers le col du Norbu La (4970 m) et redescendre dans les vallées et remonter vers le col Chagarchan La (5290 m) avant de redescendre vers le lac pour suivre la berge vers le nord. Au bout du lac, continuer la piste tout droit jusqu'au pont.

Le lac Tsomoriri est l'un des lacs les plus hauts du monde. Il se situe dans le Sanctuaire de Chanthang "Changthang Cold Desert Sanctuary".

La région abrite le grand bharal (Pseudois nayaur), le mouflon du Tibet (Ovis ammon hodgsoni), le kiang (Equus kiang), le loup de Mongolie (Canis lupus chanko), le lynx (Lynx isabellina) et le léopard des neiges (Uncia uncia).

Une tribu de nomades vivant sous tente, les Changpas, habitent et font paître leur bétail dans des pâturages autour du lac. Les Changpas tirent leurs moyens de subsistance de l'élevage et produisent le pashmina, la laine mondialement connue utilisée comme matière première dans la confection des étoles en pashmina (cachemire).

S'il est possible de faire le tour du lac je me lancerai peut être dans cette aventure. Mais selon Jean Louis, l'armée interdit aujourd'hui le passage.
Aussi non, le programme serait : Etape courte, mais étape humide car je devrai traverser le déversoir, au sud du lac. Terrain Marécageux … Nuit sous tentes du côté de Dungri (4500m). Je m’éloigne des rives du lac, pour le col Chagarchan La (5290m). Redescente vers le lac  par Umlungle et Lungser au bord du lac. Après il n’y aura qu’à suivre les bords du lac pour rejoindre la piste qui va à Mahe. A voir sur place. 

Jour 47 Korzok 

Préparation de mon départ pour Mahe. A pied ou en bus, selon la date. Bus les 11, 21 et 31 ou 1er.

Jour 48 Korzok - Mahe

Bus jusqu'à Mahe Bridge. Départ 6h30.
Visites dans la zone de Nyoma.
Avec un permis de 7 jours, j'ai le temps de faire toutes les visites prévues au programme.
Comme la région est au plus près du Tibet, je ne pourrai pas aller plus loin que Nyoma et Mud.

Les conseils de Jean-Louis : 

Les monastères à voir sont :

- celui de Mahe, branche Karma Kargyud, qui doit avoir un festival en même temps que celui qu'on a vu en 2012 à Choglamsar (à confirmer). Le Lhakhang des Tara est récent et moins intéressant que l’autre avec un Lhakhang plus ancien. Il n'y a que deux temples à visiter.

- A Nyoma, il faut trouver la personne qui a la clé. Il y a un temple à chaque extrémité de l'arête rocheuse où il y a encore de belles ruines de l'ancienne forteresse.

- A Mud, Il y a aussi deux temples : un nouveau qui se voit bien et un ancien caché derrière. L'ancien est plus beau.

- Au-dessus de Mahe, il y a la grande nonnerie de Kortsa Chomo Ling. De là, possibilité de faire un dernier trek jusqu’au lac Yaye Tso et rencontrer les transhumants qui sont là en été. Retour sur le chemin qui fait le tour du lac et qui redescend vers la route après le pont de Mahe.

La route de Nyoma passe sous le monastère de Mahe et les quelques très pauvres masures clairsemées du hameau. Ce monastère est l'un des deux Gonpa du Ladakh de l'école Karma Kargyud appelé aussi "bonnets noirs". Vivent ici 12 moines venus du Tibet. L'autre monastère de l'école Karma Kargyud se trouve à Choklamsar.

Outre les cellules et les dépendances qui entourent la grande cour intérieure, le Gonpa contient 2 temples : un Lhakhang récent dédié aux 21 Tara vertes exposées derrière une vitrine, et un Dukahng Gonkhang, plus ancien et plus intéressant : au centre du grand Duhang trône un imposant Karmapa au pied duquel est posé un grand portrait de l'actuel Karmapa. Derrière le trône, une alcôve contient 3 grandes niches occupées par des statues et un chorten. De part et  d'autre de l'entrée de l'alcôve, on a 2 très belles peintures grandeur nature de 2 mahasiddhas âgés et barbus mais plein d'énergie : Tilopa et Naropa (à confirmer). Sur la droite, une porte donne accès à un petit Gonkhang abritant 3 grandes statues des 3 divinités terribles, protectrices du Dharma, les Gonbos. Au centre, Mahakala tient le couperet magique dans la main droite et une calotte crânienne dans la main gauche. Les murs sont entièrement noirs et couverts d'esquisses en traits jaunes.

Nyoma

Quitter les gorges de l'Indus entre Mahe et Nyoma. Le paysage est ici absolument plat. Au loin vers le nord et vers le sud, on aperçoit les crêtes des chaînes de montagne, mais tout autour, il y a quelques bosses rocheuses clairsemées qui émergent du sable.
Depuis 2010, Nyoma n'est plus interdit aux étrangers. La ville est à 20 km de Mahe et à 23 de la line effective de contrôle (Line of Actual Control) avec le Tibet. A l'écart de la ville et nettement séparé, un camp de réfugiés tibétains. Ils survivent surtout de l'élevage.
Visites : Sur l'une de ces bosses rocheuses, au nord du village, on peut voir les restes d'une fortification dont les tours rondes, ou plutôt ce qu'il en reste, rappellent nos châteaux moyenâgeux. Comme partout au Ladakh, la seule chose intacte et entretenue au milieu des ruines, c'est le Gonpa de la lignée Drukpa Karyudpa, rattaché à Stakna, et administré par un Tulku, un lama réincarné, le 9ème Drukpa Choegon Rinpoché.

Le long de l'arête, on peut visiter 3 temples. Le plus grand, à droite, vers l'est, à 4 lokapakas extérieurs récents et rutilants. A l'intérieur, les fresques sont très abîmées par les fumées d'huile et les infiltrations d'eau. Les murs sont couverts de petits Bouddhas Sakyamuni qui rappellent Alchi, et de statues dont Mahakala Chakdor, Guru Rimpoche et les Gonbos couverts de kataks.

Près de là, se trouve un temple étrange, tout petit et très noir : le Lhamo Temple, qui abrite plusieurs boucliers circulaires posés sur le sol contre les murs sur lesquels on devine des personnages aux coiffes rouges.

Le troisième temple est à l'autre bout de l'arête. il semble peu fréquenté. Trois murs sont peints de personnages de taille moyenne, et le 4ème s'ouvre sur une petite salle qui abrite Avalokitésvara à 1000 bras.
Accès : Des bus publics ou privés desservent Nyoma tous les jours sauf le dimanche depuis Leh, à 182 km. Départ à 8h et arrivée à 17h. Lundi et jeudi, le bus reste à Nyoma et passe la nuit sur la place du village. Mardi, mercredi, vendredi et samedi, le bus continue jusqu'à Kuyul, Mud, Tsarga et Hanle respectivement. Ces jours-là, il faut marcher 1,5 km jusqu'au village et autant au retour jusqu'à la route pour le prendre.

Mud

Hameau à 8 km de Nyoma. Même cadre, même paysage, une seule longue arête rocheuse les sépare. Une douzaine de maisons dispersées parmi les champs d'orge et au-dessus à une centaine de mètres, 2 Gonpa qui abritent 25 moines de l'école Drukpa Kargyud, rattachés au Gonpa de Stakna. Dans les 2 Gonpas, on retrouve les statues de fondateur bouthanais de la lignée : Druk Nawang Namgyal. Le premier Gonpa a été construit en 1610 par le lama Mugzin. il a donné son nom au Gonpa : Mug Gonpa et à la ville où Mug s'est transformé en Mud au fil du temps.

Visites : le vieux Gonpa de 1610 abrite des fresques splendides entièrement réalisées avec des poudres de pierres colorées. Les 4 lokapalas sont à l'intérieur de part et d'autre de la porte. Sur les murs à gauche, on voit Bouddha Sakyamuni et ses 2 disciples entourés des 16 arhats. Au fond, de gauche à droite, on a une peinture de Padmasambhava, une statue de Padmasambhaya, une de Druk Nawang Namgyal, une de Bouddha Sakyanmuni, et une belle composition peinte de Chuchikjal à 11 têtes au centre d'un cercle. Sur le mur à droite, Palden Lhamo à cheval tuant une femme, Druk Nawang Namgyal entouré de 2 disciples, et Chakdor Mahakala, parmi d'autres personnages.

Le nouveau Gonpa a des peintures brillantes et rutilantes. Face à l'entrée, il abrite 3 statues de Padmasambhava, Bouddha Sakyamuni et ses 2 disciples et un grand maître Drukpa : Kunchen Padma KArpo.

Plus loin, Lama, Rongo et la nonnerie Samdup Choling, ainsi que Hanle et encore la nonnerie de Tashi Choling, ne sont pas encore ouverts aux étrangers.

Accès : un bus public (depuis Leh), le mercredi retour le lendemain 8h.

Retour vers Mahe

Kortsa nonnery et le Yaye Tso

Pour aller à Kortsa, on quitte la route de Nyoma à Mahe, pour prendre une petite route de montagne peu fréquentée qui mène à Chushul en 77 km.
Kortsa nonnery, Gakhel Otsal Chosling, isolée en pleine montagne, est à 9 km de Mahe par la route et 7 km à pied. Près de 200 nonnes de l'école Drukpa Kargyud vivent ici. La nonnerie est parrainée par une association anglaise qui l'a dotée d'eau chaude solaire, de serres pour les légumes, de panneaux transparents sur le toit des cellules pour profiter de la chaleur du soleil, et d'une pompe à eau électrique solaire. Il y a l'éclairage grâce aux panneaux solaires  distribués par le gouvernement indien.
Le Yaye Tso est visible depuis le col de Yaye La, à moins d'une heure de marche. En fin d'après-midi, on assistera aux fabuleux spectacles du retour de plus de 5000 chèvres puis de centaines de dimos avec leur petit. Pendant l'été, une partie des habitants de Chumathang et de Mahe, s'installe ici dans de rudimentaires maisons de pierre avec leurs chèvres, et environ 400 femelles dimos ayant un petit. Les autres et les yaks mâles sont plus hauts dans la montagne. En dormant sur place, sous la tente ou à la belle étoile ou hébergé, on assistera le matin entre 7h et 9h à la traite des chèvres et des dimos. La plus spectaculaire est celle des chèvres : elles sont alignées face à face et leurs cornes sont entrecroisées de sorte qu'elles ne peuvent plus avancer ni reculer et que les femmes et les filles peuvent les traire en toute tranquillité. Il faut ensuite décroiser une à une toutes les paires de cornes. C'est la méthode utilisée par les nomades des plateaux.

Retour par le chemin qui fait le tour du lac et qui redescend vers la route peu après le pont de Mahe.

Le programme terminé, il sera grand temps de prendre la direction de Leh si je veux éviter les problèmes de dépassement de permis.

Sur la route, je ferai un crochet dans la vallée de la Chemre Chu afin de me reposer quelques jours au monastère de Chemre.
Je planterai ma tente sur le terrain qui dépend du monastère (il suffit de demander la permission)

dimanche 12 janvier 2014

Suite de la préparation Ladakh 2014

Pour continuer en beauté mon trek au Ladakh,  j'ai choisi de faire la vallée de la Markha, et de remonter dans la région du Kharnak avant d'aller aux lacs Tso Kar et Tsomo Riri.

Si je connais déjà la vallée de la Markha, je me réjouis d'avance de découvrir le Kharnak qui est une région des hauts plateaux, propice aux amateurs de solitude et d'espaces vierges où les moments de rencontres imprévisibles avec les nomades et leurs troupeaux de chèvres et de yaks restent toujours un grand moment.




Jour 29 Chilling - Skyu 3h

Depuis Chilling, suivre la Zanskar River pendant 5 kilomètres. Arriver au confluent des rivières Markha, Zanskar, il faut prendre une nacelle suspendue à un câble pour passer de l’autre côté de la rivière pour rejoindre Kaya (1h30) et Skyu (20min) dans la vallée de la Markha.
Le petit temple de Skyu renferme de très belles petites statues et des fresques, mais le moine de d’Hemis est rarement là. Autre curiosité, les quelques chortens groupés au centre du village et un petit édifice au toit en forme de dôme abrite quatre gravures de Bouddha debout sculptées sur des pierres plates.  
Nuit sous ma tente.

Jour 30  Skyu - Markha village 4h35

Attention ! Pendant les journées de grand ensoleillement, il faut impérativement franchir la Markha river avant 14h car la fonte des neiges du Kang Yatze déclenche systématiquement une montée subite des eaux. La traversée sans équipement spécial est à éviter. Pareillement, lors des journées de pluie battante qui font grossir les flots et cela sans créneau horaire prévisible, mieux vaut rester alors au chaud à l’étape…

Remontée de la vallée de la Markha.

Une belle journée de marche m’attend avec cette remontée de la vallée de la Markha, jusqu’au niveau du village qui porte le même nom que la vallée.
Du camping suivre le chemin en bordure des champs. Le fond de la vallée est verdoyant contrastant avec les parois où le minéral règne sans concession. De véritables petites forêts se sont créées faisant en sorte que je marcherai à l’ombre bien protégé sous le couvert végétal. Jusque-là le chemin est bon, mais la suite sera moins facile, il me faudra monter et descendre pour éviter quelques rochers qui encombrent la vallée. Autre solution, traverser la rive et autres canaux d’irrigation.

Puis la vallée s’élargit au croisement d’un vallon pentu venant de la droite marqué d’une belle aiguille bifide. Au niveau d’un alignement de chortens posé sur un petit monticule, on dispose d’une belle vue arrière sur les aiguilles rocheuses qui dominent Skyu.
Poursuivre à mi-hauteur de la rivière avant de descendre pour effectuer un passage à gué.  Après continuer au pied d’une falaise. La suite de la marche se déroule au milieu d’un vaste espace creusé par un méandre de la rivière Markha qui se referme assez vite au niveau d’un goulet. Poursuivre à proximité d’un enclos à bestiaux juste avant de franchir la rivière sur un pont de bois. Rester maintenant rive gauche de la Markha river. Passe Hamourja (15mn, 3570m, tente parachute, home stay et camping) puis le « village » de Nagdi (15mn, 3570m, homestay et camping) avec des maisons troglodytes creusées dans la falaise sur la rive opposée. Il s’ensuit la traversée d’une longue portion jusqu’aux 2 tentes parachutes, homestay et camping de Sara (25mn, 3590m). Encore 1km et repasser rive droite sur un pont de bois après lequel on grimpe jusqu’à quelques maisons et longer des champs cultivés.

Au niveau d’un groupe de maisons, on suit sous les frondaisons le canal d’irrigation quelque temps avant de revenir à découvert pour entrer dans le village de Chaluk aux maisons plus que rustiques et sommaires.
Au-delà on poursuit à flanc de falaise sur un bon sentier en direction du groupe de chortens posé sur une épaule morainique. Une fois sur le site (35mn, 3700m) ce qui surprend ne sont pas les chortens blancs érigés mais l’importance des murs de manis recouverts de pierres gravées. Au bout de l’alignement religieux on distingue à l’avant que la vallée dans laquelle on va pénétrer semble moins rébarbative que la précédente, plus resserrée avec la Markha qui s’y amuse à passer d’une rive à l’autre selon son humeur. Descendre au milieu d’un ensemble de chortens blancs et rouge sang pour aller traverser une rivière qui sort d’un profond canyon. Tout de suite après c’est Thinlespa (10mn, 3685m, tente parachute). La suite se déroule en rive droite de la vallée. On arrive au confluent de la Markha et d’une rivière très chargée en sel et en salpêtre, comme en attestent les traces laissées sur les bancs de sable gris (30mn, 3730m, 2 darchoks).

Continuer dans la vallée qui part légèrement sur la gauche dans la direction d’une maison blanche adossée à la falaise. Au-delà, voilà la surprise de la journée : la traversée a cru de la Markha, tonique et revigorante. Voici de retour en rive gauche pour un dernière petite demi-heure de marche le long de la rivière avec au loin le village de Markha qui s’annonce, d’abord par une première homestay puis une deuxième juste avant de franchir le pont de bois (15mn, 3780m).

Il ne reste plus que quelques minutes de marche pour atteindre le pied du vieux village construit sur une falaise (10mn, 3790m, 2 campings). Visite du Gonpa de Shamunatha « perchée » sur la gauche du collet.
Nuit sous tente.

Jour 31 Markha village – Umlung 2h45

Du camping monter et passer un collet dans lequel trône un mur de chortens, représentation de la Trinité bouddhiste Rigzum Gönpo. De là on domine le village de Markha.

Au-delà, on remonter la large vallée fluviale. Après un peu plus d’une demi-heure de marche, c’est une nouvelle traversée de la Markha. Après la traversée, il vaut mieux garder les sandales pour marcher sur un plateau d’alluvions et atteindre un ensemble de mâts auxquels sont accrochés des darchoks. Au pied de l’aiguille élancée s’ouvre le profond canyon de la Chacham Togpo. C’est le départ de l’itinéraire qui permet de rejoindre le plateau de Khar Nag et au-delà Zangla.

Voici la deuxième traversée de la rivière à l’aplomb d’une falaise. Poursuivre rive droite au milieu d’une superbe gorge. On passe une série de chortens et de murs de manis annonçant le monastère de Tetsa perché sur une épaule une cinquantaine de mètres au-dessus de la Markha (35mn, 3830m). Cette fois j’ai bien l’intention de monter jusqu’au Gonpa pour avoir une vue imprenable sur la vallée.
Redescendu je continue le long de la rive jusqu’à contourner à l’aide de quelques pierres l’épaulement que vient lécher la rivière. A partir d’ici les pieds resterons au sec.
C’est le départ d’un petit chemin tracé au pied de la pente d’éboulis, sentier qui nous emmène jusqu’à Umlung (30mn, 3860m, 2 tentes parachutes). On peut admirer le charmant « village » de 2 familles surplombant la vallée couverte ici-bas de champs d’orge.

Lors de mon passage en 2011, j’ai été très bien accueilli par ces deux familles que je me suis promis qu’à mon prochain passage, je resterai dormir. Je profiterai aussi pour donner les photos que j’avais faites.

Jour 32 Umlung – Plateau du Nyimaling 6h

Ce matin, il ne faudra pas trop tarder avant de partir car j’aimerais bien rejoindre Nyimaling ce soir.

Démarrer à proximité des murs de manis. Un savant droite-gauche amène à suivre la bordure du canal d’irrigation taillé à flanc de la moraine fluviale. Le suivre permet d’aisément franchir un rognon rocheux. Il faut rentrer à présent dans une large vallée couverte d’arbustes avec à l’horizon les formes adoucies du plateau du Nyimaling qui s’annoncent. Juste après, la vallée de la Markha s’infléchit vers la droite et permet de découvrir l’altier sommet du Kang Yatze II et ses 6175m, le sommet principal n°I restant occulté par celui-ci (en fin de compte, on verra plus tard que les deux sommets sont séparés par une arête orientée NW-SE).

Poursuivre par une grimpette pour rejoindre un mur de manis (30mn, 3950m). Franchir le lit d’une rivière issue du Matho Kangri faisant partie de la grande chaîne montagneuse du Stok Kangri avant de passer une deuxième série de murs de manis. Un instant occulté par les hautes falaises, voici que réapparait à l’horizon le Kang Yatze II avec l’arête sommitale du I qui commence d’émerger. Traverser une plaine herbeuse (15mn, 3970m, tente parachute). Poursuit jusqu’aux quelques maisons qui font partie du village de Hankar (15mn, 4000m). Puis, hors du chemin qui suit le lit de la rivière, on traverse les champs de céréales.

Tout dépendra de l’heure de mon arrivé à Hankar, mais normalement je ne ferai que passer et me dirigerai directement vers Nyimaling.

A Hankar il me restera 5h de marche.

A peine être passé les premières maisons du village, dépasser le bâtiment qui contient un moulin à prières et voici directement une petite grimpette jusqu’à un collet qui domine le village de Hankar (10mn, 4060m). Redescendre tranquillement vers la dernière maison du village que l’on contourne par le haut en suivant le chemin marqué de murs de manis et de chortens. On traverse une petite rivière avant de longer les champs en terrasse plantés d’orge.
Le Kang Yatze II a réapparu et c’est dans sa direction qu’il faut poursuivre pour retrouver la rive de la Markha River. Laisser partir sur la droite la « route » du Kharnak qui emprunte le pont de bois (30mn, 4050m) et suit le lit de la Langthang Chen. Continue rive droite en bordure du torrent. S’engager sur la gauche dans un défilé où le rognon rocheux en rive gauche présente de belles orgues et, au-delà, la falaise de grandes dalles verticales.

Montée sur le plateau du Nyimaling

Poursuivre sur le chemin du bas jusqu’à une petite grimpette qui permet de contourner une zone d’éboulis friable qui tombe directement dans la rivière. Puis c’est un long faux-plat montant qui est proposé avec de belles vues sur la falaise de la rive gauche découpée en strates du plus bel effet. On arrive au pont de bois sur la Markha (45mn, 4100m) et passer en rive gauche pour atteindre le lieu-dit Tachutse (10mn, 4140m). Continuer en rive en s’élevant un peu en direction d’un enclos à bestiaux. Au préalable, traverser une large rivière en provenance directe des glaciers du Kang Yatze. Il est facile d’imagine que c’est elle qui est à l’origine des crues de la Markha tous les après-midis ensoleillés. La rivière traversée, marcher très légèrement  vers la droite pour suivre un excellent sentier qui remonte un thalweg en rive gauche. Belle vue à l’arrière sur l’ensemble de pics décharnés qui caractérisent cette région du Ladakh.

Profiter d’un replat pour passer rive droite et repartir en montée progressive assez pentue jusqu’à atteindre un collet dans la moraine de gauche (50mn, 4450m). Pour une belle vue, il faut prendre suffisamment d’altitude et de recul pour apprécier l’enfilade de la vallée de la Markha jusqu’aux lointains pics du Chomotang. En poursuivant le regard vers la droite, on tombe sur un bel ensemble de pénitents rouge carmin qui ne dépareilleraient pas au cœur du paysage.

Repartir en suivant le fil de la moraine en direction d’une butte sur laquelle a été érigée une multitude de cairns. On marche à flanc pour atteindre un collet derrière lequel, oh surprise, un charmant laquet a trouvé sa place dans un creux de la moraine (20mn, 4550m). Et en montant de quelques mètres sur la droite, on accède à son « grand frère », parfait miroir des Kang Yatze I et II.
Quittant cet endroit enchanteur, poursuivre la montée en direction du plateau du Nyimaling. D’abord en direction d’un large collet d’où l’on distingue nettement pour la première fois le Konmaru La, porte de sortie vers la vallée de l’Indus, puis d’un deuxième. Derrière, suivre un sentier étale à flanc de moraine herbeuse puis prendre pied dans le large vallon dans lequel on retrouve la Markha pour atteindre le « village » de Nyimaling (1h, 4740m, tente parachute, plusieurs emplacements de campings, eau sortant de la moraine de droite 2mn avant d’arriver au camp).

La nuit sera froide sous ma tente face aux habitations sommaires des nomades éleveurs de yacks.


Les infos pour la suite du trek au Kharnak, je les ai récoltées dans l’excellent guide pratique de Jean-Louis Taillefer, Ladakh Zanskar.  Merci à lui pour ces précieuses informations.


En plus de son guide, il a aussi un site à l'adresse suivante http://ladak.free.fr/

Jour 33 Nyimaling – Yakrupal (pied du Zalung Karpo La) 4800m. 7h30

Le début de la journée peut être différent selon l'endroit où l'on a dormi :

- depuis Nimaling, on peut prendre un raccourci peu fréquenté, en montant au camp de base du Kang Yatse et en continuant jusqu'au Konka Nongpo La (5080m.), puis en descendant à l'emplacement de camp de Langthang Chen dans la vallée vers le Zalung Karpo La.

- depuis Nimaling, on peut aussi descendre vers Hangkar, en passant près de deux petits lacs (le second est juste au-dessus du premier), puis au camp de Tachutse, et  depuis Tachutse, on descend jusqu'à une passerelle qu'on franchit pour passer rive droite du torrent de Nimaling. Un bon chemin dans des gorges amène à une seconde passerelle qu'on franchit aussi, et qui ramène rive gauche à l'entrée de la vallée de Langthang Chen qu'on va remonter pendant tout le reste de la journée.

On débute cette vallée sur la rive droite jusqu'à un gué obligatoire après 30 minutes On passe rive gauche et 30 minutes plus tard on dépasse les ruines de Tamachen, avant de repasser un nouveau gué 5 minutes plus tard. Nouveau gué 20 minutes après dont on peut retarder la traversée en navigant entre les berges et les bras à sec, mais il faudra quand même se déchausser une nouvelle fois, puis recommencer 35 minutes plus tard. On finit ces traversées sur la rive droite pour continuer une longue montée régulière pendant une heure jusqu'au campsite de Tikyu.

Après 1h10, on traverse un double torrent venant de la gauche, et peu après on passe rive gauche par un gué facile. On laisse le torrent principal pour remonter, après l'avoir traversé, le petit torrent qui descend du Zalung Karpo La. Moins d'une heure plus tard, on est au campsite de Yakrupal dont l'herbe est toujours méticuleusement tondue par quelques yaks qui ne font aucune difficulté pour céder leur place.

Jour 34  Yakrupal – Zalung Karpo La 5200m – Tsogra 4200m. 6h00

La vallée s'étire interminablement vers le col. Le torrent n'est plus qu'un petit ruisseau qu'on traverse plusieurs fois sans difficulté maintenant. Quelques pierres bien placées permettent de passer sans se déchausser. Devant deux vallées en Y, on traverse pour prendre celle de droite. Au bout de deux heures d'ascension depuis le départ, on est au sommet du col. On se trouve devant d'immenses et magnifiques falaises. Le vent est toujours glacial à cette altitude.
La descente est abrupte et les nombreux lacets poussiéreux sont taillés dans de l'argile grise. On perd rapidement de l'altitude pour retrouver le fond de la vallée et un autre 326 - Ladakh Zanskar, guide pratique torrent qu'on traversera lui aussi plusieurs fois. Après 1h30 de descente on passe au camp de Kyurik, juste après un gros torrent arrivant de la gauche.

On continue à naviguer à droite et à gauche du torrent, mais les traversées sont faciles. 30 minutes plus tard, on passe devant le grand camp de Pilingsa, rive gauche. On revient peu après rive droite, et une bonne heure plus tard, on arrive aux ruines de Tsogra, ou Sorra : de nombreuses bergeries, un vieux moulin à eau, et en face sur la rive gauche, au sommet d'une très haute falaise, les ruines d'un fort. Autour des bergeries, l'espace plat est immense pour installer la tente. Mais toujours pas un arbre, pas un buisson. Rien que le désert, et par ci par là un brin d'herbe, pas une touffe seulement un brin. C'est pourtant ici que les nomades du Kharnak passent les mois de janvier et de février, les plus froids de l'hiver, avec les yaks seulement. Si l'on est peu nombreux, on peut aussi continuer jusqu'à Tantse, 1h30 plus loin, pour installer sa tente dans une clairière au milieu des saules, où l'on aura beaucoup de bois mort pour cuisiner. Ne pas le brûler inutilement, il pourra servir à d'autres ; le bois est presque aussi rare que le pétrole au Ladakh.
Éviter l'endroit si on est nombreux car c'est l'un des rares carrés d'herbe du quartier et les nomades n'apprécient pas de la voir écrasée par les promeneurs.

jour 35  Tsogra - Dat 4200m. 6h00

Après Tsogra, un sentier continue rive droite vers le Zangskar. On passe rive gauche par une traversée à gué dans un torrent devenu plus large. Gorges profondes qui reçoivent le torrent de Dat. On est dans une forêt de saules. Après deux nouvelles traversées nu-pieds, on trouve un bon emplacement de camp dans une large clairière, 1h30 après le départ. C'est le camp de Tantse 4500m. On continue dans la vallée de gauche, sur la rive gauche qu'on gardera tout le jour.

Tout est plat, la marche est facile le long de la rivière. L'eau est claire, ce qui est rare en juillet, et presque tiède, ce qui est encore plus rare. 45 minutes après Tantse, on laisse un large vallon vert sur la droite pour s'engager dans un canyon plat bordé de hautes falaises ocres, très beau passage. On sort du canyon au bout de 30 minutes et 30 minutes plus tard on traverse le large camp de Khizurkyam : des ruines, des restes de murs d'enclos et une profonde vallée sur la gauche ainsi qu'une passerelle de fer pour y accéder. On reste sur la piste, rive gauche. Après 30 minutes, on longe un grand Lhato couvert de drapeaux à prières et entouré de très larges murs de manis, comme d'immenses tables couvertes de pierres gravées. On rencontrera encore des ruines, une série de 10 murs de manis sur un petit plateau, des torrents à sec, puis un chorten suivi de deux murs de manis avec de splendides gravures juste à l'entrée de la plaine de Dat.

A cet endroit, les deux hameaux de Shehyen et de Dango sont à 15 minutes l'un de l'autre. Au-dessus du premier, Shehyen, se trouve Dat gonpa qui conserve encore de belles fresques. Ce monastère est au centre d'une enceinte constituée d'anciennes habitations. On imagine qu'il abrita autrefois une importante communauté de moines qui se protégeaient ainsi des vents glacés pendant un hiver qui dure près de 10 mois sur ces plateaux. Un moine de Hemis est affecté à la garde de ce gonpa. Il encaissera cette nuitée et les précédentes.
Pour planter la tente, il faut dépasser Dango et traverser le ruisseau. La plaine est large, on a l'embarras du choix.

Jour 36  Dat - Yar La 4950m - Lungmoche 4650m. 5h30

Très vite la vallée devient large et plate. On marche maintenant sur une piste, une "jeepable road", dont on voit le bout très loin. Une longue muraille rocheuse à gauche fait de l'ombre toute la matinée. C'est tout droit et tout plat. Après plus de 2h30 de marche rapide pour se réchauffer, une montagne de terre sombre ferme la vallée. On peut sortir à droite ou à gauche. La piste part à gauche vers le soleil levant.
La nouvelle vallée est très sèche, avec beaucoup d'edelweiss. Au bout d'une heure, on traverse un minuscule ruisseau, et on commence à gravir le Yar La qui est une grosse colline de terre. 40 minutes plus tard, c'est le sommet avec un grand Lhato et de belles pierres gravées.

La descente se fait dans de la terre nue. On retrouve un large ruisseau au bas du col, puis on arrive à Lungmoche en 1h depuis le col. Lungmoche est l'emplacement d'un camp de nomades avec ses parcs à chèvres entourés de murs de pierre, ses emplacements de tentes et quelques habitations qu'on pourrait croire en ruines. Elles ont seulement des murs parce qu'il n'y a pas d'arbre à des dizaines de km à la ronde, et qu'il est donc impossible de construire un toit. En 328 - Ladakh Zanskar, guide pratique arrivant, il suffit de recouvrir les murs avec les pans de la tente en poil de yak pour avoir une maison avec un toit. Les nomades passent le mois de septembre ici.

Jour 37  Lungmoche - Pangchen 4700m. 7h30

Après Lungmoche, on continue à descendre la large vallée en suivant la piste carrossable. Le torrent de plus en plus large coule tout à droite. 2h15 plus tard, la vallée se termine dans une nouvelle vallée perpendiculaire, encore plus large et plate, parcourue par une rivière, la Zara Chu, bordée par une piste sur ses deux rives. On aperçoit plusieurs murs de mani le long de la piste de la rive gauche opposée. 
On remonte vers la gauche pendant 2h30 pour arriver au village nomade de Yakhang, occupé seulement en août. Ici, les maisons sont de vraies maisons, et tout en haut du village, la plus grande maison est un monastère de nonnes : Padma Otbar Chosling ou Tshang Khang Ritröd. En 2008, cinq nonnes y habitent.

En juillet, pour rencontrer les nomades, il faut continuer jusqu'à Pangchen. Pour cela, on reprend la piste jusqu'à une passerelle métallique qui permet de traverser et de prendre la piste de la rive gauche. Pangchen est au fond d'une vallée adjacente facilement repérable par les nombreuses traces des animaux. Il faut 2h30 à 3h00 depuis Yakhang. L'endroit est surprenant. Le vallon est étroit, un torrent coule au milieu des tentes noires installées de part et d'autre. Le soir, les yaks en liberté circulent au milieu des enfants qui jouent. Les femmes traient les chèvres parquées. Un tuyau de poèle fumant dépasse sur chaque tente. Le modernisme avance.

Jour 38  Pangchen - Pangunagu (Tso Kar) 4590m. 5h30.

Au départ de Pangchen, les drailles des chèvres sont un bon raccourci, sinon, en suivant la piste on redescend jusqu'à la vallée de Zara qu'on va remonter dans la poussière jusqu'au camp de Zara. Quelques chortens, quelques murs de mani, des habitats sommaires, puis la piste plonge sur More Plains où l’on retrouve la route Manali-Leh après 4 heures de marche depuis Pangchen.
On suit la route en direction de Manali pour prendre l’embranchement vers le Tso Kar. Il faudra quitter cette route qui se dirige directement vers Tukje pour prendre la piste vers Pangunagu en contre-bas.

On ne voit pas le Tso Kar depuis Pangunagu. Il faut continuer la piste vers Nuruchen pendant 30 minutes pour avoir de beaux points de vue sur le lac et ses rives blanchies par le sel.
Jean Louis Taillefer.