mardi 31 juillet 2012

Balade vers Sanjak

Après ma balade de hier où je me suis aventuré un peu trop loin dans cette vallée interdite aux étrangers, je vais cette fois être plus sage et traverser l'Indus pour me rendre par un petit chemin aérien jusqu'au village de Sanjak.
Mais avant d'en arriver là, je dois redescendre la série d'escaliers avant de rejoindre la route des gorges du Dha.
Je passe devant la seule guesthouse du village. Comme je n'ai pas encore pris mon petit déjeuner, je décide d'y faire une halte afin de prendre des forces avant ma balade. Je demande ce qu'il est possible de manger, le patron me répond que je peux avoir des oeufs, des chapatis avec du thé ou du café. C'est parfait et je prendrai du thé.
Je mange avec appétit car il y a déjà longtemps que je n'ai plus eu des oeufs pour le petit déj.


Le ventre plein, je reprends ma descente des escaliers jusqu'à la route. Ensuite je marche sur celle-ci pour rejoindre le nouveau pont qui franchit l'Indus et me rendre au premier village de la journée qui est Baldes. L'ancien pont a été emporté par les inondations de 2010 et il en reste d'ailleurs encore aujourd'hui quelques vestiges. Mais le nouveau pont fera beaucoup plus mon affaire afin de passer la rivière en toute sécurité.
En route, je photographie quelques gravures rupestres








Arrivé à Baldes, je cherche mon chemin qui devrait me conduire sur les hauteurs du village, mais il n'y a rien à faire, je ne trouve pas ce chemin. Je demande alors à quelqu'un où je pourrais trouver ce chemin pour Sanjak. On me dit que je suis dessus et qu'en continuant, j'arriverai à Sanjak.

 En vérité, l'info s'avèrera fausse, car si ce chemin me conduira bien à Sanjak, ce n'est pas exactement le chemin des corniches, mais bien le chemin qui longe l'Indus. Je serai obligé de m'en contenter puisque j'aurai beau chercher, je ne trouverai jamais l'autre chemin.



La balade n'est pas toujours facile car par moments, j'ai presque les pieds dans l'eau. Je dois drôlement faire attention car le courant est très important et il est donc impératif de ne pas trébucher si je ne veux pas finir mes jours ici.
Je fais doublement attention et la balade se passe bien. Au loin, je vois les premiers vergers d'abricotiers. Lorsque j'y arrive, je fais une pause et j'en profite pour manger quelques fruits.
Des familles entières sont occupées à récolter les fruits. Je demande si je peux faire quelques photos.


Sanjak est un village peuplé uniquement de paisibles musulmans chiites curieux de voir des étrangers chez eux. Résultat, c'est sans problème que je peux faire des photos ..........



........................... et manger quelques fruits !!!!!!



Je continue vers le village pour le visiter. Le tour est vite fait car il n'est pas grand.

Quelques personnes plus âgées sont assises devant des maisons. 




Je passe devant la mosquée. L'iman m’interpelle et me demande de quel pays je viens et si je suis seul pour faire mon voyage. C'est toujours les mêmes questions que l'on me pose, mais cela prouve quand même que les gens sont quelques peu intéressés par l'étranger qui passe chez eux.
Les questions terminées, je le salue par un Salam alékoum et je continue la balade. 


Je constate que dans le village, il y a dans toutes les maisons de l'électricité, ce qui n'est pas le cas dans le reste de la vallée. Je pense alors à ce que Nima me disait : ici le gouvernement fait beaucoup plus pour les musulmans que pour les bouddhistes ou autres et espère ainsi calmer les esprits de certains qui veulent aller vers un rattachement au Pakistan. Je ne sais pas si tout cela est exact, mais je dois bien constater qu'ici, ils ont non seulement l'électricité mais aussi le téléphone alors que le reste de la vallée attend toujours le moindre modernisme. Allez comprendre pourquoi ?!!!!
Je me dirige vers la route pour continuer vers Dha Hanu car je voudrais voir comment est la vallée dans cette partie là. Pour cela, je dois repasser l'Indus. Evidemment puisqu'il y a un pont, il y a aussi un check point. Un des militaires, qui est sûrement là depuis ce matin, semble étonné de me voir arriver de ce côté. Il me demande d'où je viens ? Je lui explique que je viens de Dha par le petit sentier qui longe l'Indus et que maintenant je compte retourner à Dha pour y passer la nuit. Il me demande à voir mes permis et comme je suis en règle, je peux continuer ma balade.



Je terminerai ma journée dans la maison de Nima et le soir, j'y resterai manger avant de prendre congé de la petite famille qui m'a si bien pris en charge pendant une bonne partie de mon séjour à Dha. Le comble, c'est quand j'ai voulu payer ma quote-part, ils m'ont dit que je ne devais rien. Je n'ai rien dit mais j'ai quand même payer à la ladhaki, c'est à dire, en laissant de l'argent sous ma dernière tasse de thé. Le tour étant joué, je peux partir demain matin pour d'autres aventures.

En route pour le village de Dha

La nuit a été tellement douce et agréablement calme que j'ai décidé qu'à l'avenir, je dormirai le plus possible sous ma tente. Le choix est d'autant plus vite fait que lorsque je regarde mon corps, je ne détecte pas de nouvelles morsures d'insectes. Les anciennes me démangent encore toujours, mais je constate une légère amélioration. Dorénavant, je resterai donc sous le régime de ma tente.

En ce qui concerne la suite du voyage, même si je ne suis pas en ordre de permis, je vais quand même tenter de passer dès aujourd'hui dans le district de Leh. Avec un peu de chance, je vais tomber sur un soldat qui n'y verra que du feu et qui me laissera passer dans l'autre zone. Comme on dit chez nous, qui ne risque rien n'a rien, alors autant essayer !!!

Au petit matin, je démonte ma tente et referme mon sac à dos. Lorsque les villageois se réveilleront, l'étranger sera parti et, il ne restera de lui, que le souvenir de son passage et la marque de sa tente à l'abri des abricotiers.

Me voila en route pour faire la deuxième partie de la vallée du Dha. Mes pas se font à un bon rythme et je me rends compte que ma journée de repos m'a fait le plus grand bien.
En route, je rencontre un homme qui marche dans la même direction que moi. Mais lui n'a pas de sac sur le dos mais bien une botte de fourrage. Instinctivement je me mets à la même cadence que lui et nous faisons route ensemble.
Arrivé à la hauteur de sa maison, mon homme me propose de rentrer pour boire un thé. Une invitation aussi spontanée cela ne se refuse évidemment pas. 



Je m'installe comme toujours dans la cuisine et je reçois non seulement du thé mais aussi de la tsampa (farine d'orge grillée moulue très finement). Tout pour faire un petit déj. bien copieux.
Recette pour la tsampa avec thé salé : Une grosse pincée de sel dans le thé très chaud, 2 noix de beurre de yak, pétrir la tsampa mouillée de thé et former une grosse boulette que l'on mangera en la déchirant en petit morceau. 
Recette du beurre de yak : battre le lait pendant des heures, puis le conserver dans un estomac de mouton, cela lui donne un goût aigre et rance qui fait les délices des tibétains.
Il faut savoir que ce thé et la tsampa sont vraiment la base de la nourriture dans toute la région du Tibet et de ses anciens territoires.

Durant le repas, j'en profite pour lui demander où est le prochain check-point tout en lui expliquant mon problème de permis. Il me répond avec un large sourire que le prochain contrôle est à 20 minutes d'ici et que si je ne peux pas passer, je n'aurai qu'à faire demi-tour et revenir ici, qu'il y a de la place pour moi dormir dans sa maison. Je le remercie bien évidemment de son offre, mais je lui dis aussi que j'espère bien pouvoir passer. Je fais une photo de lui avec sa femme et ses enfants tout en le remerciant bien pour son accueil et je reprends ma route vers le check-point.
J'ai à peine fait 500 mètres qu'un 4x4 s'arrête à ma hauteur et le chauffeur me propose de monter.
Je ne refuse pas et me voilà confortablement installé pour aller tout droit vers mon check point tant redouté !!!
Dans ces conditions, les 20 minutes se sont réduites considérablement et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous sommes arrêtés devant un militaire.
Par chance pour moi, le militaire en question est un ami du chauffeur et comme tous les amis du monde, ils commencent à faire parlote. Moi je ne bronche pas et je reste bien assis sur le siège à l'arrière du véhicule. La conversation semble tellement bonne enfant, que le militaire ne me remarque même pas et ouvre enfin la barrière. Je me dis que c'est dans la poche, mais voilà qu'arrive de l'arrière, un jeune blanc bec qui avec des grands gestes signale à l'autre militaire qu'il y a un touriste dans le véhicule. ........... bada boum ........ et l'autre soldat referme la barrière et me demande mon passeport et mon permis. Je lui sors tout ce que j'ai comme photocopies, le passeport, le visa, le permis de Leh et celui de Kargil, il reçoit même une copie de mon vol retour. Bref, il y a tellement de papiers que vu la tête qu'il tire, il ne doit pas y comprendre grand chose. Puis d'un air de celui qui a compris que tout était en ordre, il replie le tout et me dit que tout est ok et ouvre à nouveau la barrière. Je suis dans le secteur de Leh, je vais pouvoir continuer mon circuit sans perdre de temps à attendre la date fatidique de mon droit de passage.
10 minutes après, je sors du véhicule et je me retrouve, comme toujours, devant une longue série d'escaliers avant d'arriver au village de Dha. Me voilà parti dans mon ascension.





Je passe devant une guesthouse qui ne m'intéresse pas puisque j'ai décidé que dorénavant je dormirais dans ma tente. Arrivé au village, je remarque une maison qui est plus neuve que les autres. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est vers elle que je me dirige. Il n'y a personne, mais là n'est pas le problème puisqu'il y a de l'ombre et que je peux souffler et boire un coup. 


Sur ces entre-faits, il y a un garçon de la maison qui arrive et me demande s'il peut m'aider ? Je lui dis que j'aimerais bien trouver un terrain pour y mettre ma tente pendant un ou deux jours, le temps de visiter les environs. Il me répond que la famille a des jardins et qu'il me trouvera une belle place bien tranquille pour passer autant de nuits que je voudrai. Je le remercie et nous partons vers le jardin promis. Arrivé sur place, je constate que je ne peux rien rêver de mieux, je suis complètement retiré, j'ai de la place pour mettre ma tente en dessous des abricotiers et je surplombe la vallée de plus de 200 mètres.


Nous montons la tente ensemble car il semble fort intéressé de voir comment on fait. et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je suis installé.
De mon terrain de camping, nous voyons le départ des treks qu'il y a dans le coin.
Nima me conseille et me montre par où rejoindre le canal qui apporte l'eau au village. Les gorges qui longent ce canal sont splendides  et mènent directement au Pakistan. Je ne dois donc pas aller trop loin si je ne veux pas que l'armée m'interpelle. La limite est le tunnel que les hommes ont creusé pour faire passer l'eau. Après, le Pakistan est en vue et c'est zone interdite pour les étrangers.
De l'autre côté, il y a le trek qui va à Sanjak en passant par Baldes. Ce trek là, je le ferai demain.

Ok, maintenant je me situe très bien et je vais pouvoir faire mes balades en connaissance de cause.
Sur ces bons conseils, Nima me salue et rentre chez lui. Moi j'écris ces quelques lignes tout en profitant de la vue incroyable que j'ai sur la vallée du Dha.

C'est un voyage qui commence à tourner rond, je suis de plus en plus à l'aise dans cet environnement et je sens que je vais vers de grandes choses.
Vers 12h30, Nima est de retour et me dit qu'à la maison, le lunch est prêt pour moi. Alors là, je ne m'y attendais pas du tout, je suis même un peu embêté car la place pour ma tente me suffisait amplement. Bon, je ne refuse pas et je verrai bien à la fin du séjour ce que je vais laisser lorsque je partirai.


Pendant le lunch, Nima me parle des problèmes politiques dans la région, avec d'un côté les chinois et de l'autre, plus proche, les pakistanais. Que dans la vallée où je vais faire une balade cette après-midi, il y avait en 1999 un gros conflit entre l'Inde et le Pakistan, que même dans le village, la population devait se protéger car les explosions à l'arme lourde étaient fréquentes.
Depuis, c'est nettement plus calme, les gens d'ici peuvent se rendre maintenant dans cette vallée, mais elle est toujours interdite aux touristes.

Après le repas, je vais donc comme prévu faire ma balade le long du canal. Je suis aussitôt dans cette fameuse vallée qui conduit vers le Pakistan. Il est bien dommage qu'elle soit interdite pour nous touriste car effectivement ces gorges sont très belles. 



 J'arrive à ce fameux tunnel qui permet à l'eau d'arriver au village de Dha. Je marche dans l'eau pour franchir le tunnel et je continue encore un peu vers cette vallée interdite pour moi.

Je fais quelques photos lorsque tout a coup, je remarque que des camions militaires sont stationnés tout en bas dans les gorges. Je ne sais pas si c'est pour moi, mais je ne demande pas mon reste et je retourne sagement vers le village tout en faisant bien attention à ne pas trop me faire remarquer.





C'est ainsi que se termina ma balade du jour, inutile de dire que j'aurais bien aimé continuer encore un peu plus dans cette vallée, mais la raison et le bon sens l'ont emporté sur mes envies d'aller toujours plus loin.
Le soir, je retourne vers ma tente, seul en dessous des abricotiers, je me dis que j'ai bien de la chance de me trouver ici. La nuit commence à tomber, le grand silence s'installe peu à peu, je reste seul blotti dans mon sac de couchage. On ne saurait rêver d'un début de nuit plus beau et mes yeux se perdent parmi l'infini étoilé. Bonne nuit à tous.

lundi 30 juillet 2012

De Darchik à Garkhun

Au petit matin, je quitte Darchik, je passe le pont, le contrôle et je continue à pied jusqu'à Garkhun.

La vallée de l'Indus est dans cette partie-ci du Dha si encaissée et si étroite qu'à cette heure-ci de la journée, le soleil a du mal à venir éclairer mes pas. Après une heure de marche, je suis au pied du village de Gorkhun, mais comme je vous le disais plus haut, le plus difficile reste à faire. Hélas pour moi, la pente est particulièrement raide et le soleil a fait son apparition.
Après deux minutes d’ascension, je suis déjà à bout de souffle, mes jambes ne me tiennent plus et je transpire abondement. J'ai bien, l'impression que je couve quelque chose ou est-ce mon breakfast qui me reste sur l'estomac ?!




Il me faudra encore une heure pour arriver au village. Je ne peux vraiment plus aller plus loin. Je remarque qu'une dame est en train de ramasser des abricots. Je lui demande si je peux mettre ma tente dans son jardin ? Elle est d'accord et je passe aussitôt le petit muret. Je suis tellement vaseux que je suis obligé de m'étendre un peu sur le sol avant de commencer à monter ma tente.



Après un peu de repos, mon esprit commence à reprendre le dessus et je commence à dresser mon habitacle pour passer la nuit.

 L'installation une fois terminée, je rassemble quelques pierres et ramasse du bois pour allumer un feu et me préparer un Maggi noodles soup avec quelques morceaux de viande séchée que j'ai avec moi.
Mon repas est prêt, cela me semble bon, mais j'ai quand même du mal à vider ma gamelle.
Je n'insisterai pas plus et je vais directement m'allonger sous ma tente.
Je suis réveillé par des cris d'enfants qui plongent dans le grand bassin, situé un peu plus loin de ma tente. Je me lève et je vais voir. Lorsque j'arrive à leur hauteur, les enfants me disent « Come on, come on ». L'idée ne me déplaît pas trop, cela va peut-être me remettre définitivement sur pied ......... et je plonge à mon tour dans l'eau.
L'eau n'est pas très chaude, mais elle me ravigote un bon coup. Je profite par la même occasion de faire un bon nettoyage de printemps de ma personne, ce qui n'était plus trop arrivé depuis quelques jours !!!!!

Après m'être fait une nouvelle image et une nouvelle santé, je décide de ne plus rien faire aujourd'hui, cela afin de me remettre complètement. Ici à Gorkhun, il n'y a rien de bien spécial à voir, alors pourquoi pas prendre une journée de repos. De toute façon, c'est le dernier village dans le district de Kargil. Après, c'est le village de Dha qui est dans le district de Leh et comme mon permis n'a cours qu’à partir du premier août, il est donc difficile de passer le contrôle deux jours avant !!!