mercredi 20 juin 2012

Le compte à rebours est enclenché



.......... Il me reste moins d'un mois avant le départ. 
Ticket d'avion, passeport, cartes, programme, pharmacie, vêtements, appareil photo ...etc, tout est presque étalé dans mon bureau. Cela lui donne un petit air d'échoppe du bazar de Leh, mais il faut bien trouver un coin tranquille pour préparer les affaires nécessaires !
Lorsque j'aurai terminé d'étaler toutes mes affaires, je pourrai alors remonter mon sac à dos de la cave. Son hibernation est fini, le moment est venu pour lui de retrouver sa fonction première, celle de voyager. 
Qu'il se rassure, cette fois ce sera un voyage au long cours, puisqu'il ne retrouvera sa cave qu'à la fin de l'été, après trois mois de bons et loyaux services.
Je peux dire que c'est un sac à dos robuste et de bonne famille (Eagle Creek travel Gear), c'est son 14ème voyage et il est encore là presque comme au premier jour. Au fil des années, j'ai bien été obligé de lui faire quelques liftings car c'est quand même lui qui voyage généralement dans les plus mauvaises conditions. Il a connu les endroits les plus glauques que l'on peut imaginer, tels des soutes de bus aux odeurs pas toujours alléchantes, en compagnie de pneus de rechange, de bidons d'huile, d'outils sans âge, et j'en passe des vertes et des pas mûres afin de vous éviter une phrase trop longue. 
Lorsqu'il n'est pas dans une soute, c'est sur la galerie du véhicule qu'il passe des journées entières à se faire secouer comme un vieux prunier. J'ai même vu un de ses collègues quitter sa place d'un seul bon, pour se retrouver éventré sur la piste défoncée. Encore heureux que dans le bus, une paire d'yeux a vu la chute du malheureux car aussi non l'abandon lui aurait été fatal.
Malgré ces inconvénients et ces dangers, mon sac n'est quand même pas toujours aussi mal loti. Un seul exemple, pendant les journées de trek, c'est lui qui est sur mon dos et il peut dès lors profiter pleinement du décor. Je suis donc certain que c'est avec un certain plaisir que cette fois encore il va remonter de la cave pour revivre une nouvelle aventure. 
Je me souviens, j'avais rencontré son grand frère sur le dos d'un voyageur au Guatemala. On devait prendre un bateau pour Livingston. Lorsqu'il est descendu des épaules de son propriétaire, celui-ci a caché les sangles de son sac à dos derrière un rabat qu'il a fermé avec une tirette. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le sac à dos s'est transformé instantanément en un simple sac de voyage. Je me suis dit voilà la solution pour faire les trajets dans les transports en commun où il est toujours difficile de rentrer avec un sac à dos normal. Depuis lors, c'est le genre de sac que j'ai adopté sans regret pour tous mes voyages.


Les quelques jours qui précèdent un départ me sont toujours très particuliers. Inconsciemment je deviens plus nerveux et cela va durer jusqu'au moment où je vais refermer la porte de mon appartement derrière moi. Par ce simple claquement de porte, mon stress s'envolera comme par magie, dès lors que je sais qu'il sera impossible de faire marche arrière au cas où j'aurais oublié quelque chose. Evidemment c'est une crainte non fondée car depuis le début du compte à rebours, je ne rate pas une occasion pour vérifier ma liste des affaires que je dois emporter et je les compare alors avec ce qui est étalé dans le bureau. J'y suis habitué, c'est un rituel idiot et inexplicable, mais peut être humain !
Les préparatifs de cette "expédition", je n'aime pas trop ce mot car il me semble un peu pompeux en comparaison à ce que les Michel Peissel, Marco Pallis, Alexandra David-Néel ou une Lafugie ... etc ont fait, mais je n'en trouve pas d'autre. Vous excuserez donc ce court moment d’excès tout relatif !
............ Je disais donc que la préparation de cette expédition, de surcroît solitaire, m'a demandé beaucoup d'énergie depuis presque un an : vérifier les renseignements souvent contradictoires, étudier les cartes pour imaginer des trajets tentants qui peu à peu se transformaient en projets réalisables. Il m'a fallu pourtant écarter les pistes qui à coup sûr m'apporteraient probablement des surprises désagréables. "Les idées les plus étudiées cachent parfois des lacunes qui ne se révèlent que sur le terrain".
J'ai tenu compte de tout ces éléments car je suis conscient que la montagne reste un élément dangereux et mon idée de faire ce trek en solitaire n'est assurément pas la meilleure idée qui soit. J'en suis conscient, mais qu'à cela ne tienne, je traverserai le Zanskar de cette façon.

Seule dérogation au programme, c'est le rendez vous déjà fixé avec un autre amoureux de la région, c'est mon ami Jean Louis avec qui nous allons faire la partie Zangla / Shade et qui s'avère beaucoup plus délicate à faire en solitaire. Selon ses informations il m'écrivait ceci : "Entre Zangla Sumdo et le Pangdang La on passe souvent dans l'eau, et il y a beaucoup d'eau. Ensuite, on doit traverser les torrents qui arrivent sur les côtés, mais c'est beaucoup plus facile jusqu'à Shade. Et, début septembre, il y aura encore les transhumants dans les doksas pour nous renseigner. C'est parfois utile parce que les troupeaux font des sentiers partout, et on ne retrouve plus le bon". ......... Nous ne serons dès lors pas trop de deux pour arriver au but.


Aujourd'hui je brûle de désir de partir et de m'engager sur ces sentiers qui serpentent dans la montagne. Quiconque a l'expérience d'un départ pour l'Himalaya connaît cette impatience.



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